Restauration collective et grossistes : qui tourne la page des cages ?

Dernière mise à jour : 16 avril 2025.

La presse en parle

Le classement et notre analyse

Nous avons classé les entreprises de restauration collective et les grossistes en fonction de la proportion d'œufs et d'ovoproduits hors cage dans leurs approvisionnements pour leurs activités en France.

A - Les entreprises aux œufs entièrement hors cage
B - Les entreprises qui sont en bonne voie
C - Les entreprises en retard, mais transparentes sur leurs progrès
D - Les entreprises qui, n’étant pas transparentes sur leurs progrès, ne semblent pas travailler activement à la transition vers les œufs hors cage

Les grossistes

Part d'œufs et ovoproduits hors cage

Les sociétés de restauration collective

Part d'œufs et ovoproduits hors cage

La parole des Grossistes Alimentaires de France

Conscients des attentes sociétales en matière de bien-être animal, les grossistes alimentaires se mobilisent collectivement, en dialogue avec les acteurs de la filière amont, pour accompagner la transition vers une offre d’œufs hors cage.

Cette transition, bien qu'engagée, reste freinée par des contraintes réelles : hausse des coûts de production, tensions d’approvisionnement et contraintes structurelles sur le terrain.

La transition vers des systèmes d’élevage hors cage est un défi collectif que nous devons relever ensemble avec lucidité et détermination.

Jacques Déronzier, Président des Grossistes Alimentaires de France

Notre analyse

En mars 2025, plusieurs entreprises de restauration collective ont déjà des approvisionnements 100 % hors cage pour leurs œufs coquilles et ovoproduits : Sodexo, API Restauration, Garig, RPC, Terres de Cuisine. Sodexo se fournit même exclusivement en oeufs plein air (code 1) pour ses oeufs coquilles, liquides, et durs.

Elles prouvent par l'exemple que c'est possible et montrent qu'elles prennent au sérieux ce sujet crucial de bien-être animal.

2025 est une année charnière pour la transition des approvisionnements vers les œufs hors cage. En effet, une grande partie des entreprises que nous avons interrogées se sont engagées publiquement à passer au hors cage cette année.

De nombreuses entreprises sont transparentes sur leurs progrès. Parmi elles, Marly Distribution pour les grossistes, Compass et Restoria pour la restauration collective semblent bien positionnées pour arriver au 100 % hors cage. Compass s'en approche de plus en plus : ses achats sont à 91,5 % hors cage au second semestre 2024 et à 95 % pour les deux premiers mois de 2025.

La deuxième plus grosse société de restauration collective, Elior, et plus encore Newrest, accusent du retard mais communiquent sur leurs progrès.

Les grossistes sont globalement en retard dans leur transition, mais nos échanges avec eux montrent que la plupart y travaillent, à des rythmes toutefois variables. Les progrès de certains d'entre eux s'accélèrent alors qu'approche l'échéance de 2025. Ainsi :

  • Sysco annonce 40,4 % de hors cage en février 2025 contre 29,5% en moyenne sur 2024
  • Pomona annonce 44 % en septembre 2024 contre 37 % en moyenne sur 2024.

Parmi les grossistes, Disgroup est particulièrement en retard avec seulement 9 % de volume hors cage.

Certaines entreprises ne sont pas transparentes sur leurs progrès. Sans cette transparence, impossible de prouver qu’elles respectent le bien-être des poules et répondent aux attentes de la société.

Plus inquiétant encore, Restalliance (restauration collective) a même fait disparaître son engagement de son site. C'est aussi le cas de Vitalrest, qui est pourtant transparente sur ses progrès.

Les entreprises qui stagnent, qui refusent de communiquer, voire qui semblent revenir sur leurs engagements nagent à contre-courant et prennent du retard dans cette transformation pourtant inévitable.

Enfin, le grossiste Even Distribution est transparent sur les progrès de son Réseau Krill, mais il nous a indiqué ne pas encore avoir les moyens techniques de produire des chiffres pour son Réseau Capella, que nous avons donc placé dans la catégorie des entreprises non-transparentes.

Pourquoi cet état des lieux ?

Début 2025, Anima a proposé aux principales sociétés de restauration collective et grossistes de nous communiquer la part des œufs et ovoproduits issus d’élevages de poules hors cages dans leurs achats, afin de dresser un état des lieux de la transition des approvisionnements. 

Ne plus avoir recours à l’élevage en cage des poules pondeuses est une décision en faveur du bien-être animal à la fois capitale et consensuelle au sujet de laquelle les actions des entreprises sont attendues. La majorité des sociétés listées dans ce document se sont d’ailleurs engagées publiquement à passer aux œufs hors cage. Or, ces engagements ne doivent leur crédibilité qu’à la transparence qui est faite sur leurs progrès. 

Anima a donc cherché à identifier les entreprises qui prennent au sérieux les conditions d’élevage des poules ainsi qu'à offrir au grand public et aux professionnels de la restauration hors domicile une information fiable et transparente.

L’abandon des œufs de poules en cage, un enjeu majeur de bien-être animal

En France, on estime qu’environ 12 millions de poules, soit 27 % d’entre elles, vivent encore en cage. 

Il s’agit de l’une des formes les plus atroces d’élevage industriel. Les animaux enfermés sont contraints de vivre dans l’espace d’une feuille A4 environ. Ils passeront toute leur vie dans une grande promiscuité, les pattes sur le sol grillagé, dans un environnement extrêmement pauvre et stressant. Leurs besoins naturels élémentaires, tels qu’explorer leur environnement, se déplacer, étendre leurs ailes, prendre des bains de poussière, se percher et nidifier, ou encore interagir normalement avec leurs congénères, ne peuvent être correctement satisfaits. Il en résulte que chaque poule en cage subit en moyenne des centaines d’heures de souffrance qui sont évitées dans les élevages hors cage

Les Français sont largement opposés à l’élevage en cage. En 2025, un nouveau sondage le confirme : 89 % des Français sont favorables à l’interdiction de l’élevage en cage à l’échelle européenne. C’est ainsi que le mode d’élevage est le premier critère de choix des consommateurs, devant l’origine et le prix.  

La transition vers des élevages hors cage de poules en France

Autour de nous, plusieurs pays ont interdit ou planifié la fin de l’élevage des poules en cage : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, le Luxembourg, la République Tchèque, la Slovaquie et la Slovénie. L’Union européenne étudie même actuellement une interdiction à l’échelle européenne. En France, la loi empêche la construction de nouveaux élevages de poules pondeuses en cage. Parallèlement, la transition des approvisionnements des entreprises et des achats des consommateurs vers les œufs de poules hors cage ont fait passer en 15 ans l’élevage en cage, autrefois largement majoritaire, à une part aujourd’hui minoritaire. 

Si en 2024, 8 œufs sur 10 achetés par un particulier en magasin étaient issus d’un élevage hors cage, la restauration hors domicile fait partie des secteurs où cette transition a le plus de retard puisque 3 œufs sur 4 qu’elle utilise proviennent de poules en cages. Les carnets de commande de la RHD ont des conséquences directes sur les conditions de vie de centaines de milliers d’animaux et sur la transition nationale de la production vers des élevages sans cages. 

La mission d'Anima

Anima est une association à but non lucratif dont la mission est de tourner la page de l’élevage en cage des poules. Elle est membre du réseau européen Anima International, présent dans 6 pays, œuvrant pour la réduction de la souffrance animale dont les activités sont les suivantes : 

  • Suivre les engagements hors cage des entreprises
  • Susciter de nouveaux engagements hors cage
  • Dialoguer avec les entreprises
  • Sensibiliser le public et mener des campagnes ciblées
  • Documenter les conditions de vie des animaux

La méthodologie

Données déclaratives

Au premier trimestre 2025, Anima a contacté les responsables RSE, les acheteurs, ou d’autres responsables de sociétés de restauration collective et de grossistes pour leur proposer de faire figurer dans cet état des lieux la proportion des œufs et ovoproduits hors cage sur le volume total de leurs approvisionnements en œufs et ovoproduits. Notre classement est donc fondé sur ces données déclaratives.

Période de calcul

La période sur laquelle la proportion moyenne d'œufs hors cage est calculée peut différer selon les sociétés de restauration collective. Certaines sont des moyennes annuelles sur une période 2023-2024, d'autres sont à jour de début 2025. Pour les grossistes en revanche, tous les chiffres sont pour l'année 2024, sauf ceux de Metro où la période retenue va de mars 2024 à février 2025.

Cela crée des disparités qui rendent la comparaison moins précise et qui peuvent ne pas refléter précisément la situation d'avancement de certaines entreprises à la date de publication de ce rapport.

Sélection des entreprises

Nous avons inclus dans notre classement les 16 plus grandes sociétés de restauration collective en chiffre d'affaires ainsi que les 10 plus grands grossistes et/ou ceux qui ont un pris un engagement à passer aux œufs hors cage.

Définition des catégories

Les entreprises sont classées en quatre catégories :

A - Les entreprises aux œufs entièrement hors cage

Ici se trouvent les entreprises dont les œufs et ovoproduits sont exclusivement issus de poules élevées hors cage. 

B - Les entreprises qui sont en bonne voie

Ici se trouvent les entreprises qui nous ont communiqué des volumes en œufs et ovoproduits issus de poules élevées hors cage supérieurs à 50 %.

C - Les entreprises en retard, mais transparentes sur leurs progrès

Ici se trouvent les entreprises qui nous ont communiqué des volumes en œufs et ovoproduits issus de poules élevées hors cage inférieurs à 50 %.

D - Les entreprises qui, n’étant pas transparentes sur leurs progrès, ne semblent pas travailler activement à la transition vers les œufs hors cage

Ici se trouvent les entreprises qui n’ont pas souhaité nous communiquer leurs volumes et ne démontrent donc pas être en train de faire la transition vers des approvisionnements en œufs et ovoproduits issus de poules élevées hors cage. 

Informations complémentaires

🔎 Détail du calcul pour Pomona

Pomona a publié les chiffres suivants :

  • 21,8 % de hors-cage sur l'ensemble des volumes d'œufs et ovoproduits en septembre 2023
  • 44,2 % de hors-cage sur l'ensemble des volumes d'œufs et ovoproduits en septembre 2024

Si l'on considère que la progression a été à peu près constante entre ces deux périodes, mais s'est accélérée fin 2024, on arrive à une progression mensuelle moyenne de 1,6 %. En appliquant cette progression mensuelle constante entre septembre 2023 et décembre 2024, on arrive à environ 37 % de volumes hors-cage sur l'année 2024 en moyenne. Cette extrapolation a été partagée et validée avec Pomona.

Quid de Dupont Restauration ?

Dupont Restauration a été rachetée par Compass en 2024. Le processus d'intégration étant en cours, nous ne l'avons pas intégrée à notre classement cette année.

Quid de Promocash ?

Les volumes hors cage de Promocash sont intégrés aux chiffres publiés par Carrefour France ici. Carrefour n'a pas pu isoler les données de Promocash dans les délais prévus pour ce rapport. Bien que Carrefour (et donc Promocash) fasse preuve de transparence dans ses progrès, les données globales de Carrefour ne peuvent remplacer celles de Promocash. Par conséquent, Promocash n'apparaît pas dans cette édition du rapport.